Conférence donnée à l'occasion de Paris Web 2017
Vidéo : https://youtu.be/iN7b312ZDU4?t=1610 (à partir de 26'51")
Comment retrouver la valeur de la vie privée et échapper à la conjuration du cabinet noir ?
C'est un édit de Louis XI datant de 1464 qui a créé le 1er service régulier de poste, suivi en 1546 par l'interdiction du chiffrement sous François 1er. La tentation de centraliser la correspondance privée à des fins de surveillance ne date pas d'hier. Elle a culminé jusqu'à la formation d'un « cabinet noir » chargé d'intercepter les correspondances afin de repérer et censurer les opposants politiques, et s'informer des courriers diplomatiques ou militaires. Cette pratique, en vigueur dès l'ouverture de la poste au public, a été l'une des motivations de l'institution du monopole postal, présenté publiquement comme un moyen de protéger les usagers. La Révolution a mis fin à ce système créé sous Louis XV et qui a duré jusqu'à la fin du règne de Napoléon III.
Les parallèles sont assez évidents aujourd'hui : centralisation des services du Web et surveillance de la population vont de pair, et son liés à plusieurs problématiques -- pas seulement techniques -- auxquelles il a fallu réfléchir quand on a cherché à imaginer une solution pour mieux protéger le secret de la correspondance numérique. Avec des protocoles techniques anciens et parfois inadaptés, à l'ère du « rien à cacher », de l'état d'urgence permanent et où il suffit à un gouvernement de passer des accords avec une poignée de GAFAM pour surveiller quasiment tous les échanges, comment répondre concrètement à la perte du secret de la correspondance privée ?
Un retour d'expérience sur le projet Caliopen permettra de voir les problèmes concrets qui se posent face à une question qui semble idéaliste : peut-on espérer retrouver, sur internet, la notion de secret de la correspondance ?