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UE 5.1.4. Fondements linguistiques des pictogrammes [Duboisdindien_2020]

UE 5.1.4. Fondements linguistiques des pictogrammes [Duboisdindien_2020]

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January 16, 2020
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  1. INFORMATION AUTORAT, esprit critique et contenu intellectuel * Cher.e.s Etudiant.e.s,

    Chères lectrices, Chers lecteurs, Ces cours proposés dans le cadre d’un enseignement effectué à l’UFR de Médecine et Santé de Lille, sont le fruit de plusieurs années de travail de recherche et de pratiques cliniques. Les appréciations et expertises qui en découlent sont miennes. Elles sont de fait, ouvertement promises à une critique argumentée et référencée pour faire avancer la science et l’accès aux connaissances pour le plus grand nombre. Merci de m’informer d’éventuels ajustements à apporter et de diffuser ces contenus avec précaution et respect, en demandant mon autorisation préalable via : [email protected] et en citant comme suit : Duboisdindien,G. (2020) UE 5.1.4. – Langage oral et Aides Spécifiques (Cours Magistraux) – Centre de Formation Universitaire en Orthophonie de Lille – (niveau M1)- open access on : HAL, ResearchGate En vous souhaitant un agréable cours, Restez curieux.ses ! Guillaume Duboisdindien ** loi no 92-597 du 1er juillet 1992 relative au code de la propriété intellectuelle, renforcée le 22 décembre 2014
  2. UE 5.1.4. L A N G A G E O

    R A L & A I D E S S P É C I F I Q U E S CONNAISSANCES FONDAMENTALES ET INTERDISCIPLINAIRES DANS LE DOMAINE DES COMMUNICATIONS ALTERNATIVES ET/OU AUGMENTATIVES 2. Connaissances fondamentales sur l’usage des pictogrammes dans un programme à visée clinique Guillaume Duboisdindien I UFR Santé & CFUO de Lille I Janvier 2020
  3. Cours 2/2 : Les Pictogrammes. Introduction Fondements linguistiques et cognitifs

    à l’interprétation des pictogrammes Apports des données développementales chez l’enfant Présentation des limites cliniques et des recommandations : l’exemple du Makaton
  4. Introduction : • Code de la route; industrie pharmaceutique; emballages;

    normes etc. • CAA • Réception et pertinence de cet objet pour le lecteur tout venant. • L’exemple du MAKATON. • Génératif ? Règles et analogies avec les pictogrammes.
  5. Salut ! Être de l’espace. Ce véhicule a été expédié

    par des représentants de l’espèce humaine, qui maîtrise la structure de l’atome et qui loge sur la troisième planète en partant de l’étoile qui est au centre de son système stellaire.
  6. Apports théoriques : • 1972, Ducrot et Todorov = système

    primitif + forte iconicité partant de l’idéographique au phonographique. •1993, Goody = distingue pictogramme (signe isolé) et pictographe (système). Gelb, 1973 : 39
  7. Apports théoriques : • E. Bordon, 2004; Floch, 1997; Vaillant,

    1999; Fontanille, 2000. re sont segmentées en unités discrètes sur le fil d pace. Chaque pictogramme équivaut à un message pas de message unique exprimé par plusieurspicto Le pictogramme = signe graphique, non verbal, majoritairement iconique et de type global. Le pictogramme s'inscrit dans une sémiotique non linéaire tandis que la parole ou l'écritu u temps ou sur une ligne de l'es complet en ce sens qu'il n'existe grammes.
  8. Arbitraire et motivé : Signe ? Symbole ? Icône ?

    • Signe linguistique Vs réalité ? • Dortier, 2010 : consensus linguistique et culturel. Exemple : un même objet est nommé différemment et ce de manière arbitraire selon son bain linguistique. • Vaillant, 1997 : permet de hiérarchiser : signes symboles icône
  9. • Les signes : a) Linguistiques : issus de l’arbitraire

    et être décomposés en unités non-signifiantes. b) Graphiques : forte valeur iconique. Ressemblance signifiant / signifié. Arbitraire et motivé : Signe ? Symbole ? Icône ?
  10. • Les symboles : Dortier, 2010 > associer arbitrairement un

    signifiant et une abstraction / métaphore. Arbitraire et motivé : Signe ? Symbole ? Icône ?
  11. • L’icône : ressemblance avec les signes motivés. Image, mot

    , son (wouaf, plic-ploc) par association. • Vaillant, 1997 > pictogramme quand il fait partie d’un système organisé d’écriture. Arbitraire et motivé : Signe ? Symbole ? Icône ?
  12. Le pictogramme contemporain • Bordon, 2004 : émergence avec la

    généralisation de l’automobile. • Vaillant, 1999,2007 : mouvement des populations et donc barrière des langues/cultures. • BLISSymbolics, Makaton, code GRACH. Les supports et les situations d'emploi de ces pictogrammes ainsi que les stratégies de lecture et les formes de raisonnement mis en œuvre, sont fortement corrélés à l'expérience sémiotique de chacun dans la réception de ce type de messagesvisuels. Iconicité et ses fondements ?
  13. Le signe iconique : communiquer par l’image. • Peirce, 1978

    : sémiotique. Signe = representamen générateur d’un concept mental. l'émetteur génère l'évocation d'une image, d'un concept, d'une émotion à l'esprit du destinataire • Edeline, 1992 : schéma interactif de mécanismes perceptifs permettant le décodage. En 3 niveaux : n1 : sensations; n2 : traitement perceptif; n3 : traitement cognitif.
  14. • Eco, 1988, 2013 ; Vaillant, 1999 : notion de

    spatio-sensitivité. Un trait sémantique est considéré comme spatio-sensitif lorsque son sens dépend de sa position et de son orientation dans l’espace. • Les différents éléments de l'image sont interprétés non pas isolément, mais en configurations. Le sens global précède et détermine le sens local. Le signe iconique : communiquer par l’image. maison
  15. Du pictogramme à l’interprétation • Importance des pré-requis. • Bagage

    d’expériences et de savoirs encyclopédiques. • Dufays, 1994 : la construction du sens est en amont de la lecture proprement dite. • Wilkes, 1983 : le lecteur se base sur des indices multiples piochés dans le contexte, le paratexte éventuel, l’environnement où le pictogramme est implanté. CONSTRUCTION DU SENS
  16. Du pictogramme à l’interprétation • Perception visuelle. Jobard, 2010 :

    2 grandes voies spécialisées de traitement. Traitement des aspects figuratifs et de la nature spatiale. Où ? Qui ? Quoi ?
  17. Le développement de la compréhension des pictogrammes • Facteurs extrinsèques

    (développement typique) : motivation, intégrité neurologique, âge dvptal, habiletés sensorielles (Brown, 1977). • Différence de traitement entre déficience et dvpt typique (multiples études) • L’iconicité des symboles impliqués dans la communication ne semble pas être un avantage pour les très jeunes enfants qui établissent la signification d’une variété de symboles inconiques et arbitraires. (Stephenson, 2009a : 196).
  18. Le développement de la compréhension des pictogrammes • Âge développemental

    influence la compréhension des symboles graphiques (Namy, 2004; Duboisdindien, 2011). • développe graduellement durant les premières années de la vie (DeLoache, Pierroutsakos, & Uttal, 2003). • 2 ans (compréhension de la 2D) > 3 ans (compréhension des symboles versus objets) > 5 ans (représentation plurielle, enrichissement). • La compétence graphique ne s'acquiert pas de manière uniforme pour tous les symboles et le référent, après 3 ans. Certains concepts linguistiques sont représentés de manière plus lisible que d'autres. Exemple : Les émotions (Visser, Alant & Harry, 2004), les relatives (Worah, 2008), les adverbes.
  19. Le développement de la compréhension des pictogrammes • l'importance du

    caractère renforçateur du référent peut influencer son apprentissage (Schlosser & Sigafoos, 2002). • Étude de Worah (2008) : -la concrétude : les symboles qui contiennent des personnes clairement représentées et/ou des activités observables sont plus facilement comprises (Light, Worah, et al., 2008). -la familiarité : Les symboles qui représentent des personnes, des objets, et/ou des activités que les enfants ont souvent rencontrés sont plus facilement identifiés (Callaghan, 1999; Lund et al., 1998; Light, Worah, et al. 2008).
  20. Le développement de la compréhension des pictogrammes • Étude de

    Worah (2008) suite : -le contexte : Le fait que les symboles représentent des activités familières en contexte pourrait réduire la charge cognitive lors de leur apprentissage (Drager, Light, Speltz, Fallon & Jeffries, 2003). -la globalité : Les symboles qui utilisent des couleurs brillantes pour accentuer les contrastes et les détails sont plus facilement discriminés et plus attrayants pour les enfants (Stephenson, 2007; Wilkinson & Jagaroo, 2004). -le focus : Les symboles qui mettent l'accent sur les caractéristiques pertinentes comme la taille et la position des personnages ou des objets pour être plus facilement reconnus que ceux qui utilisent des flash ou des repères pour attirer l'attention sur les détails importants (Blockberger & Sutton, 2003).
  21. La construction du sens (approche sémiotique) • L’élaboration du sens

    global est le résultat linguistique d’une interaction entre un texte composé d’informations et le lecteur qui le perçoit (Mouchon, 1997). • Van Dijk (1987) monde interne du lecteur. • Iconicité ↔ transparence. • Dépendant de la notion de schéma et de stéréotype.
  22. • Schémas : ensemble de processus propres à des domaines

    spécifiques qui sont activés automatiquement avant même le début de la lecture. (Fayol, 1992; Dehaene, 2012) • Intervention de la MDT pour relations entre des indices sémantiques et morphosyntaxiques présents. • Stéréotypes : ensemble des croyances partagées à caractéristiques personnelles, généralement des propos de traits de personnalité, mais aussi des comportements, propres à un groupe de personnes . Croyances abusives.
  23. Bottom-up & Top-down systems : • Ce qui donne vie

    au sens c’est clairement la perception que se fait le lecteur du signe. • 2 modèles : • modèle ascendant : processus d’assemblage des unités pertinentes juqu’à la construction du sens global. • et descendant : part du sens global vers (au besoin) un décryptage des indices et des unités qui s’offrent à lui. • Loin d’être un acte de réception passive > c’est un acte de construction permanent (consulter vos cours neurosciences et lecture)
  24. Communiquer par le pictogramme : aspects interactionnels et linguistiques dans

    le cadre de la rééducation du langage. • Tableaux cliniques variés : déficit de la communication. • Au milieu d’un dispositif multimodal : - gestes. - Français signés. - Mélodie vocale / contours intonatifs / prosodie - Synthèse vocale. - Exemple du MAKATON
  25. L’exemple du MAKATON. Analyse linguistique d’un outil réputé transparent. •

    MAKATON.PR : (cours de Mme M-P Lemoine) programme d'aide à la communication augmentative et alternative favorisant l'apprentissage et le développement des aptitudes langagières et communicationnelles. Objectifs: • D'établir une communication fonctionnelle entre le sujet et sonenvironnement. • D'améliorer la compréhension et de favoriser l'accès au langageoral. • De structurer des concepts linguistiques tant sur le plan du langage oral que surle langage • écrit. • De faciliter les échanges au quotidien. • D'optimiser l'intégration sociale. Cet objectif étant d'autant plus pertinent quecette • intégration est aujourd'hui étayée par la loi pour le handicap(2005).
  26. Le vocabulaire MAKATON + sélection des pictogrammes. • Critères de

    : fonctionnalité, leur nature sémantique, leur adaptabilité (selon la population). • Armfield (1982) récurrence, attribution, négation. • Contraintes liées à la LS > adaptation du vocabulaire. • Les pictogrammes choisis selon 3 Critères : iconographie ++; facile à produire par le dessin ; cadre catégoriel morphosyntaxique efficient (terminologie issu du cahier de formation Makaton France).
  27. Sélection des pictogrammes • le pictogramme Makaton tend plutôt vers

    la ressemblance avec le concept auquel il se réfère. Nouvel écueil : Bordon (2010) explique que la ressemblance n'est pas dans le signe lui-même mais dans le système de représentation conventionnelle mis en œuvre et partagé par le scripteur et le lecteur. • Par ailleurs, nous n’avons pas d’informations scientifiques qui justifient le choix des différents concepts utilisés selon une logique développemental/ d’accessibilité mentale à ces représentations. • Les conventions sont donc d'ordre culturel ce qui ne veut pas pour autant dire qu'elles soient universelles. (confusion présente chez Walker) « il en est résulté aussi l'élaboration de stratégies logiques, inspirées de celles préconisées par le BLISSymbolics. Par exemple, chaque fois que la notion de possession intervient, les pictogrammes sont inscrits dans un cercle. De la même façon, chaque fois qu'il est question de quantité, les pictogrammes sont dessinés dans des triangles. »
  28. Analyse pictographique : de l’icône à la fonction. • La

    question de l’iconicité : logique de lisibilité maximale selon les concepteurs. • Selon leur testing (Walker et Grove, 2004 : 11) : auprès d’adultes (non-patho) familiers des signes : plus de 70 % des pictogrammes furent immédiatement compréhensibles. (familiers mais lisibilité maximale : biais ?) • Différents niveaux représentationnels : ✅ Le niveau pictographique : présence +++ mots / concepts de l’environnement directe, matérialisable basés sur des traits saillants.
  29. ✅ Le niveau pictographique basé sur le signe : idem

    + reprendre unepartie du corps : main/configuration lors de l’exécution du signe. Reconnaissance parfois complexe > iconicité dégénérée (évolue vers une iconicité changeant à des degrés divers sa proximité avec le référent). ✅ Le niveau jugé abstrait : ensemble de traits stylisés et complexesparfois même plus ou moins cohérents d’un point de vue iconique. (intelligent, rêver)
  30. La morphologie pictographique. • Deux procédés : l’entaxe et la

    syntaxe. 1- l’entaxe : consiste à poser des caractères élémentaires pour former des figures.
  31. La grammaire • Niveau cognitif du lecteur ++ (mais pas

    d’informations via des études randomisées) • S’adapte aux contraintes de la langue. Exemple des subordonnées (non vérifié). • Les modifieurs (Vaillant, 1999) nuancent la séquence pictographiée pour l’intégrer à une catégorie grammaticale : interrogatif, négation etc. • Les rôles casuels : s-v-o. • Au pédagogue ou praticien de choisir de manière adaptée les différents actants pour éviter les contre-sens (mais pas de recommandations à la clé par les auteurs)
  32. Exemple d’une expérimentation 1. Prudhon, E., & Duboisdindien,G. (2016) Chapitre

    4 : Communiquer parfois autrement ; 1 – Ressources et potentialités linguistiques des Communications alternatives et améliorées (CAA) pour les personnes avec TSA. L’autismeVol 1. Rééducation Orthophonique ; Ortho-édition – n°265 pp 269-275. 2. Duboisdindien, G. (2014) L'interprétation des pictogrammes. Statut linguistique et limites de l'utilisation des pictogrammes dans la réhabilitation langagière. - Étude de deux groupes d'enfants âgés de 5 à 6 ans – entraînés Versus non-entraînés. Mémoire de Recherche UPON. Master FLDL. (in PONTT). Bordon,E. (2004). Comment, les pictogrammes sont interprétés par des lecteurs ordinaires ? Communication et langage. Vol 142 - 1. pp 43-52.
  33. Faiblesses notables de l’usage des pictogrammes dans un programme de

    CAA . • Concernant l’iconicité : elle ne suffit pas. Contribue à l’interprétation mais ne suffit pas à générer des analogies. • Concernant l’aspect génératif : requière un travail cognitif important et une réelle connaissance des modèles développementaux/évolutifs. Nuancer cette question de la lisibilité immédiate volontiers décrite dans les programmes de CAA. • Concernant l’appui que peut en faire le lecteur : dépendant de nombreux paramètres et de la stratégie des stéréotypes.
  34. Avantages et Recommandations pour la clinique : • Diminution de

    la charge cognitive (dans une certaine mesure) Laisse une empreinte mnésique de la consigne. ✅ connaissance approfondie des compétences du lecteur. Du fait du manque d'autonomie inhérent au pictogramme, il est préférable dans les premiers stades de l'apprentissage de se baser sur des expériences de vie réelle afin de permettre à la personne d'associer l'activité ou l'événement en cours de réalisation, et le fait qu'il peut être soutenu en pictogrammes concrets. • Outil d’éveil à la communication : aide à la conceptualisation + expansion lexicale ✅ fragile et complexe, surtout si il est considéré comme une alternative au langage dans le cadre d'une personne avec une forte déficience cognitive. Dans ce cas de figure, son interprétation est soumise à beaucoup de variables qui font de lui une modalité langagière difficile à envisager de manière exclusive. (gestes ++++ signes, multimodalité, apprentissage et entraînements)
  35. La bibliographie a été intégrée au fichier annexe de présentation

    du cours à destination des étudiants. Dans l'attente d'un nouvel échange, je me tiens à votre disposition pour toute demande d'information ou précision complémentaire dont vous pourriez avoir besoin. Guillaume Duboisdindien, Orthophoniste (PhD). Référent UE 5.1.4. Langage Oral & Communication – Aides Spécifiques (Master 1). Centre de Formation Universitaire en Orthophonie de Lille-Santé. Courriel : [email protected]